Objectif général
Le programme de français propose de développer chez les étudiants les aptitudes nécessaires à la formation d’une réflexion autonome en approfondissant la compréhension du monde d’aujourd’hui.
Il prend appui, sans s’y restreindre, sur deux thèmes dont les approches pourront être ponctuellement croisées : « l’évolution et les enjeux contemporains des sciences et des techniques » ainsi que « l’histoire et les défis actuels de la démocratie ».
La réflexion sur ces thèmes, au-delà des savoirs mobilisés, mettra l’accent sur l’histoire des théories et des idées et sur l’interaction des faits économiques, sociaux et culturels afin de mettre en perspective les questionnements actuels et les réponses établies ou en cours d’élaboration. Ouverte sur les arts et sur les médias et prenant en compte la complexité des enjeux dans un univers mondialisé, cette réflexion a pour ambition de développer chez les étudiants curiosité, esprit critique et ouverture d’esprit.
En variant les approches et les activités, on développera les capacités de lecture et de compréhension des textes, les aptitudes à l’analyse et à la synthèse et l’on renforcera les capacités d’argumentation, tant à l’écrit qu’à l’oral, en mettant l’accent sur l’importance d’une expression correcte, adaptée et nuancée.
OBJECTIFS | RECOMMANDATIONS ET NIVEAU D’EXIGENCE |
1. Améliorer ses capacités de lecture pour enrichir sa pensée | |
1.1 Pratiquer régulièrement des lectures actives |
Les thèmes au programme constituent un support privilégié mais non exclusif de lecture et de veille documentaire: lecture d'ouvrages de référence et d'articles de presse (littérature classique ou de vulgarisation, essai, fiction, comptes rendus de lectures, revue de presse...). |
1.2 Rechercher et sélectionner l’information en fonction d’objectifs précis |
A partir d'une documentation à construire ou d'un corpus documentaire fourni, on met l'étudiant en situation de recherche, de tri et de traitement des informations : pour élaborer une définition ou distinguer des concepts, pour recenser les données d'un problème, pour répondre à une problématique, pour constituer une série d'exemples ou d'illustrations documentaires utiles à l'argumentation, pour définir le périmètre d'un thème (en diachronie ou en synchronie), pour mesurer les enjeux d'une polémique, pour organiser une réfutation... On développe la pratique du compte rendu (d'une visite, d’une lecture, d’une émission de télévision ou de radio, d'un spectacle, d'un événement...). |
1.3 Élaborer une culture commune |
Afin d’enrichir leurs connaissances, on incite les étudiants à pratiquer une veille documentaire régulière sur les thèmes au programme et plus largement sur les questions d'actualité traitées dans les médias, les lieux de débat, les productions artistiques... On les invite à lire des ouvrages de référence, à établir des fiches de lecture, à rendre compte de conférences. On dose l'apport de textes de référence et de textes d'actualité de manière à faire appréhender la plasticité des points de vue, leur permanence ou leur évolution. La lecture d'au moins deux ouvrages de référence, en regard des deux thématiques, doit être vivement recommandée aux étudiants pendant l'été, de façon à poser des exigences et à ouvrir un champ de réflexion que les travaux de l'année auront pour but d'éclaircir et d'étoffer. La littérature et le cinéma constituent naturellement des ressources complémentaires à la bibliographie indicative pour nourrir et exemplifier des polémiques. |
2. Approfondir ses capacités d’analyse et de synthèse |
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2.1 Appréhender un message dans sa spécificité et son système de cohérence |
On entraîne les étudiants à lire des documents variés et à en appréhender le sens et les enjeux : textes ou documents écrits non textuels (schéma, graphique, tableau de statistiques...), images fixes isolées ou en séquences, documents sonores. On identifie le statut et les caractéristiques des textes (genre, registre, forme de discours, destinataire) en insistant sur les marques d'énonciation et les organisations discursives. On met en évidence l'importance du contexte (historique, social, idéologique...). On distingue les idées et les mots-clés du message, on sensibilise à la fois aux distinctions conceptuelles et lexicales ponctuelles et aux architectures d'ensemble. On privilégie les discours argumentatifs, en proposant des structures et des progressions argumentatives variées, simples et complexes. On sensibilise aux registres à travers l'étude du style. |
2.2 Reformuler avec objectivité et concision la pensée d'autrui |
Pendant les cours, on invite les étudiants à reformuler leurs propos et ceux de leurs camarades. On développe à l'écrit la capacité à condenser un texte sans en altérer le sens en travaillant de manière graduée sur les différentes exigences propres à l'exercice du résumé : choix énonciatif adapté, distinction entre l'essentiel et l’accessoire, progression argumentative et cohérence discursive, reformulation concise et souci du mot juste. |
2.3 Confronter et mettre en perspective des points de vue différents |
On propose régulièrement la confrontation de textes plus ou moins convergents ou opposés débouchant sur la rédaction de relevés de conclusions. On propose, entre autres, des exercices visant à approfondir la capacité d'explicitation dans la perspective de la préparation à l'essai : repérage et reformulation des enjeux d'un sujet, identification de ses présupposés. Par le jeu de la confrontation, écrite ou orale, on apprend à nuancer et à relativiser un point de vue. |
3. Améliorer ses capacités d'expression orale et écrite | |
3.1 Maîtriser une langue correcte et adaptée à la situation et à l'usage |
On insiste sur le respect du code linguistique écrit (ponctuation, morphologie, orthographe lexicale et grammaticale, syntaxe) et de la logique du texte écrit (connecteurs, marques de chronologie, reprises anaphoriques). On développe la précision lexicale. Les faits de langue, étudiés en situation, peuvent être l'objet de rappels ponctuels en fonction des besoins des étudiants. On amène les futurs candidats à produire dans un temps limité un texte abouti (relu et correctement rédigé). On s'efforce de développer des exigences à l'oral, tant dans la présentation de travaux substantiels que dans les interventions ponctuelles sur toutes les séances. On fait prendre conscience aux étudiants que l'oral se travaille, qu'il ne se confond pas avec une expression spontanée et familière ni ne se calque sur le modèle de l'expression écrite. L’oral exige une syntaxe, une organisation discursive et un rythme spécifiques. |
3.2 Structurer efficacement ses propos |
On privilégie les exposés, brefs et ponctuels, réalisés seul ou à plusieurs. Au-delà de l'exactitude et de la pertinence des contenus, on insiste sur la qualité de leur mise en œuvre en envisageant des logiques d'organisation ou de présentation plus efficaces ou plus éloquentes. On s'appuie sur les canons de la rhétorique, non pas dans une perspective d'érudition mais avec le souci d'insister sur la structuration et la finalisation des énoncés. A l'écrit comme à l'oral, on insiste sur l'importance de ménager des progressions adaptées à l'objectif visé, d'entrer dans le propos de manière pertinente (accroche, exorde, introduction problématisée dans le cadre de l'essai) et d'y mettre un terme de manière efficace ( verrouillage, péroraison, bilan reprenant l'essentiel de l'argumentation et répondant à la problématique définie en introduction dans le cadre de l'essai). |
3.3 Améliorer sa capacité de communication dans des situations d’interaction |
Dans la perspective de l'entretien, on propose quelques exercices spécifiques pour améliorer les compétences caractéristiques de l'oral (articulation, débit et intonation, gestuelle et proxémique, usage du métalangage) en s'affranchissant progressivement d'un message écrit ou de notes d'appui. On recourt à des situations qui permettent aux étudiants d’analyser des interactions (débats filmés ou observés, études de cas, simulations d’entretien...). On insiste sur l’importance du contexte de la communication et sur la nécessité de prendre en compte l'attitude et le discours de l'interlocuteur. On appréhende les éléments constitutifs du processus de communication interpersonnelle. On identifie les obstacles habituels à des interactions et on met l’accent sur des stratégies adaptées pour les dépasser ou les contourner. |
4. Exercer et développer sa réflexion | |
4.1 Mobiliser des liens entre les disciplines |
A travers le choix des sujets de réflexion et la variété des activités proposées, on veille à établir et développer les liens entre l’enseignement dispensé en français et les enseignements scientifiques et technologiques que les étudiants reçoivent dans leur section. L'étude des relations de l'homme et de la terre peut conduire à aborder des questions ethnologiques, à mesurer l'évolution des sociétés rurales ou celle des rapports de l'homme et de l'animal... L’objectif est de sensibiliser à la complexité du réel et de faire percevoir l’interaction des faits économiques, historiques, sociaux et culturels .On montre également comment l’art et en particulier la littérature éclairent et contribuent à nourrir les problématiques les plus actuelles. |
4.2 Approfondir ses capacités d'argumentation |
De manière régulière, on développe et on justifie des idées à partir d'un document, d'une idée donnée ou d'une question. On travaille à l'illustration du propos, à l'insertion des exemples voire des citations, à leur opportunité. On insiste sur les articulations du discours et sur la finalisation du développement. On mobilise la variété des formes de discours pour convaincre et persuader (information, explication, justification, réfutation). On approfondit et diversifie les stratégies argumentatives, en montrant comment elles interviennent à différents niveaux de l’argumentation, celui de la problématisation, celui du positionnement, celui de la probation (justification du bien-fondé du positionnement) et en tenant compte de leur valeur (par exemple pragmatique, éthique ou émotionnelle). On fait mesurer aux étudiants sur quoi repose la force des arguments, à savoir le mode de raisonnement dans lequel s'insère l'argument utilisé, le type de savoir et les valeurs dont il est porteur, la modalité énonciative sous laquelle il apparaît et le jeu que celle-ci introduit entre l'explicite et l'implicite du discours. On entraîne les étudiants à la pratique de l'essai dont le cheminement s'apparente, même s’il est plus libre, à celui de la dissertation. Le plan de l'essai comporte généralement deux ou trois parties, les relations entre les différentes parties peuvent être de complémentarité (plan commentaire) ou de concession (plan dialectique). Selon les sujets, un plan analytique peut être envisagé à condition que celui-ci comporte des formes ponctuelles de dialogisme. On montre comment la problématisation, en partie imposée par le sujet, peut être cadrée voire recadrée, par déplacement, ajout ou substitution. |
4.3 Développer l'esprit critique |
A l'écrit comme à l'oral, on met le plus souvent possible les étudiants en situation d'apprécier et d'évaluer la pertinence et l'intérêt de propos ou de situations susceptibles d'enrichir la réflexion, à travers des débats réglés ou plus informels. Les thèmes au programme doivent permettre d'aborder des questions complexes et de mettre celles-ci en perspective et à l'épreuve. On développe des activités de co-évaluation ou d'auto-évaluation afin de faciliter l'intégration des exigences requises et d'en percevoir la valeur. |